Construire un projet de territoire partagé avec la planification territoriale

Construire un projet de territoire partagé, c’est doter son territoire d’un cap commun pour répondre aux grands défis contemporains.

Pour cela, la stratégie et la planification constituent les deux leviers d’une action cohérente : elles permettent de penser l’avenir à toutes les échelles en intégrant tous les acteurs et d'articuler les différents documents de planification.

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Manuel Bouquet / Terra - Arpentage du Pôle d'équilibre territorial et rural (PETR) du Pays Gévaudan-Lozère

Élaborer un projet de territoire grâce à une vision commune

Un projet de territoire, c’est d’abord une vision commune du devenir du territoire, construite à partir de ses spécificités, de ses ressources et de ses enjeux. Il s’agit de penser collectivement un avenir désirable et réaliste, en mesure d’assurer la transition écologique, l’adaptation au changement climatique, la cohésion des territoires et la qualité du cadre de vie.

La stratégie territoriale permet de donner du sens et une cohérence d’ensemble à l’action publique locale, en s’appuyant sur des ambitions portées collectivement. Elle permet de : 

  • privilégier une lecture transversale du territoire, qui met en relation les enjeux fonciers, écologiques, économiques, sociaux et culturels ;
  • s’appuyer sur des temps d’échange ouverts avec les différents acteurs, pour faire émerger des objectifs clairs, adaptés et partagés ;
  • transformer les intentions stratégiques en projets opérationnels concrets, portés collectivement.

Elle s’inscrit dans un cadre règlementaire précis et a vocation à s’ancrer dans les documents d’urbanisme, à différentes échelles.

🧩 Qui sont les principaux acteurs du projet de territoire ?

  • Les collectivités territoriales et locales : les élus (régionaux, départementaux, intercommunaux, municipaux et syndicaux) et techniciens territoriaux ;
  • L’Etat et ses services déconcentrés, en région et dans les départements ;
  • Les acteurs socio-économiques : les entreprises, les associations, mais aussi les citoyens et usagers, experts de leur territoire.

Focus sur le cadre règlementaire

La loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) modifie en profondeur le droit de l'urbanisme et du logement en France. Elle est fondée sur trois exigences principales : une plus grande solidarité, l'encouragement du développement durable et le renforcement de la démocratie et de la décentralisation.

La loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) permet de faciliter la régulation des marchés immobiliers, de favoriser l'accès au logement des ménages et de développer l'innovation et la transparence.

La loi portant évolution du logement de l'aménagement et du numérique (Loi Elan) a pour objectif de construire plus, mieux et moins cher, de restructurer et renforcer le secteur du logement social, de favoriser la mixité sociale et la cohésion sociale en améliorant le cadre de vie.

La loi Climat et Résilience - Mesure pour tendre vers le « zéro artificialisation nette » des sols porte sur l'observation, la planification et l'encadrement de l'artificialisation des sols mais aussi l'accompagnement des territoires vers des modèles d'aménagement sobres en foncier.

La loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral (Loi Littoral) vise à concilier préservation et développement du littoral, notamment face aux enjeux de pression urbaine et aux risques provoqués par les phénomènes d'érosion ou de submersion marine. Elle concerne plus de 1 200 communes riveraines de la mer, de grands lacs, d'estuaires ou de deltas.

La loi relative au développement et à la protection de la montagne (Loi Montagne) vise à concilier le développement et la protection de territoires à enjeux contrastés. Elle concerne plus de 5 000 communes.

Planifier son territoire à toutes ses échelles

Chaque échelle territoriale a ses propres enjeux, qui nécessitent une articulation cohérente entre stratégie (vision, objectifs à long terme) et planification (outils juridiques ou opérationnels de mise en œuvre).

  • À l'échelle régionale, elle s'opère à travers les différents schémas de planification régionale (SRADDET, SDRIF, SAR ou PADDUC), outils pivots dans le domaine où la région est désignée comme cheffe de filât, en particulier sur les volets aménagement, développement durable des territoires, protection de la biodiversité, climat, qualité de l'air et de l'énergie, mobilités, développement économique, etc. 
     
  • À l’échelle d’un bassin de vie ou d’un projet de territoire, c'est le SCoT (schéma de cohérence territoriale) qui porte la stratégie d’ensemble. Il fixe les grandes orientations en matière d’habitat, de mobilités, d’implantation commerciale ou encore de transition écologique. Le SCoT est composé d’un Projet d’Aménagement Stratégique (PAS) qui permet de se projeter sur le temps long, à un horizon de 20 ans. Son Document d’Orientation et d’Objectifs (DOO) localise et fixe les objectifs du territoire sur les grands sujets de l’aménagement du territoire. Par ailleurs obligatoire, la concertation lors de l’élaboration d’un SCoT est indispensable au caractère partagé du projet de territoire, renforçant ainsi sa facilité de mise en œuvre.
     
  • À l'échelle intercommunale ou communale, la planification s'opère au travers du Plan local d'urbanisme (PLU) qui peut aussi être intercommunal (PLUi). Il traduit ces orientations en règles d'urbanisme opérationnelles (zonages, règlement écrit). Il peut aussi préciser la stratégie locale d’aménagement via les orientations d’aménagement et de programmation (OAP), qui permettent de détailler un projet sur un secteur donné, sur une thématique particulière (mobilité, paysage, densification…), ou sur les deux à la fois.

La place de la concertation dans la planification

L’articulation entre ces différentes échelles de planification requiert une collaboration étroite entre l’État, les principales collectivités concernées, leurs groupements, l'ensemble des acteurs locaux ainsi que les chambres consulaires. Pour ce faire, des instances de dialogue et de proposition ont été mises en place pour renforcer les modalités de concertations locales. 

À l'échelle régionale, la conférence régionale de gouvernance permet de débattre des objectifs de sobriété foncière et de leur territorialisation. À l'échelle communale, la concertation dans le cadre de l'élaboration des documents d'urbanisme (SCoT, PLUi, PLU) est obligatoire, renforçant le caractère partagé du projet de territoire et sa facilité de mise en œuvre.

De façon générale, la concertation des citoyens, collectivités locales, services de l’État et acteurs économiques, sociaux, culturels, agricoles ou environnementaux est nécessaire à chaque étape de l’élaboration d’un projet de territoire. Il s’agit de créer les conditions d’un dialogue efficace, pour construire des compromis solides et durables, au service de l’intérêt général. 

La construction d’un projet de territoire peut ainsi devenir un outil de médiation territoriale. Il s'inscrit par ailleurs à la convergence des stratégies locales, régionales et nationales.

Qu'est-ce que la concertation ?

La concertation consiste à informer le public et lui donner la possibilité de donner son avis en amont, lors de l’élaboration du document.

Procédure de concertation dans la loi : 
- Obligatoire : régie par les articles L. 103-2 et suivants du code de l’urbanisme
- Facultative : régie par l’article L. 300-2 du code de l’urbanisme

Appuyer sa planification et ses projets sur des outils adaptés

De nombreux outils de projets et dispositifs d’accompagnement permettent d’aider à la conception d’une stratégie territoriale. Les outils emblématiques de cette démarche sont les suivants : 

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