Améliorer la résilience des villes et territoires face au changement climatique

Pour amoindrir l'impact du changement climatique, il est possible de mobiliser des solutions à la fois réglementaires et opérationnelles. Le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), en particulier, a une influence majeure : il facilite l’intégration systématique des enjeux climatiques dans les documents d’urbanisme et les outils d’aménagement.

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Arnaud Bouissou / Terra - Île du Ramier sur la Garonne - Espace destiné à la création de parcs et jardins

Le changement climatique exacerbe les phénomènes environnementaux et notamment la fréquence et l’intensité de certains évènements naturels. Ces effets diffèrent en fonction des territoires : les milieux aménagés, en fonction de leurs spécificités géographiques et topographiques, y sont particulièrement vulnérables. L’aménagement des villes et des territoires est donc crucial pour concevoir des espaces urbains résilients face aux évolutions du climat. 

Des solutions réglementaires et très opérationnelles existent : la France s’est dotée, depuis 2011, d’un Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), révisé deux fois. L’urbanisme opérationnel peut aussi rendre les formes urbaines plus résilientes aux changements du climat, en accompagnant également des changements de pratiques de ceux qui habitent les territoires.

Les vulnérabilités des espaces urbains et aménagés

Dans les milieux aménagés, les effets du changement climatique sont multiples : 

  • les sols imperméabilisés sont sujets à d’importants ruissellements de surface, facteur d’inondation et de pollution, dans un contexte où les épisodes pluvieux intenses vont se multiplier ;
  • en période de vagues de chaleur, qui vont devenir de plus en plus fréquentes, les espaces urbanisés absorbent piègent, stockent la chaleur et deviennent des îlots de chaleur urbains ;
  • les zones littorales sont fortement exposées à l’érosion progressive du trait de côte, qui menace les aménagements. 

L'exemple du phénomène d’îlot de chaleur urbain

Les 2/3 des vagues de chaleur recensées depuis 1947 l’ont été après l'année 2000 et leur nombre sera multiplié à l'avenir. Lors de ces vagues de chaleur, les espaces urbanisés et minéralisés absorbent et stockent la chaleur. Le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) décrit une différence de température de l’air entre le centre des villes et les zones rurales ou naturelles périphériques, et qui se manifeste surtout la nuit. Son existence dépend de différents paramètres, comme la densité et la forme urbaine, l’artificialisation des sols, les propriétés d’absorption et de stockage des matériaux de constructions, les activités anthropiques productrices de chaleur (industrie, transport, équipements domestiques), la présence versus l'absence d’espaces végétalisés, présence ou non de l'eau, ou encore le climat régional. 

La manière de faire et de rénover nos villes est donc clé pour qu’elles restent vivables en 2030, 2050, 2100…l'impact sur l'homme est déjà très concret : si l’on prend l’épisode le plus récent en France, à savoir l’été 2023, Santé Publique France estime que 20 000 recours aux soins d’urgence, 10 000 hospitalisations et plus de 5 000 décès sont imputables à la chaleur. 

Le Plan national d'adaptation au changement climatique et son influence sur l'aménagement

Le Plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC) est un plan d’action composé de 52 mesures voulant mettre en place des actions à court, moyen et long terme afin de traiter tous les impacts du changement climatique. Il a une influence majeure sur les politiques d’aménagement, et en particulier sur leurs outils réglementaires. Il impose l’intégration systématique des enjeux climatiques dans les documents d’urbanisme et les outils d’aménagement. Plusieurs mesures du PNACC visent à inscrire les objectifs de lutte contre le changement climatique et d’adaptation non seulement dans les documents de planification, mais aussi à chaque étape des projets d’aménagement

Cela passe notamment par la prise en compte de la vulnérabilité des territoires (gestion des risques naturels, chaleur urbaine, ressources en eau, etc.) et la promotion de solutions fondées sur la nature (désimperméabilisation des sols, trames vertes et bleues).

Par ailleurs, le PNACC joue un rôle de catalyseur de cohérence entre différentes politiques publiques, en encourageant la synergie entre adaptation, atténuation et préservation de la biodiversité. Il met à disposition des collectivités des outils méthodologiques, des guides, des données actualisées (notamment climatiques), ainsi que des dispositifs d’accompagnement financier.

Enfin, le PNACC vise à renforcer la gouvernance territoriale en favorisant la coopération entre les acteurs locaux : collectivités, services de l’État, entreprises et citoyens.

Le plan est structuré en 5 axes :

Face aux problématiques soulevées par des phénomènes tels que l’accroissement des risques naturels et des vagues de chaleur, des mesures sont instaurées ou renforcées afin d’adapter les logements, le travail et l’environnement et ainsi protéger la population, et en particulier les personnes précaires. Les solutions fondées sur la nature sont privilégiées afin d’atténuer la vulnérabilité des territoires. Dans les territoires ultramarins, les solutions sont adaptées aux spécificités locales.

Ces mesures ciblent les enjeux d’adaptation dans les territoires, et concernent des financements de projet, d’ingénierie territoriale et de stratégie de planification publique. Elles incluent l’adaptation des services publics, des grands réseaux d’infrastructure tels que l’enseignement, les transports, les réseaux de communication électronique et des ressources en eau.

L’agriculture, l’industrie agroalimentaire, la pêche, le tourisme ou encore l’industrie du bois ayant été identifiés comme les secteurs les plus vulnérables aux effets du changement climatique, ces mesures visent notamment à assurer leur résilience économique, et à améliorer la résilience économique de tous les secteurs, notamment par des actions d’innovation.

A travers des actions de connaissances, de conservation et de restauration des écosystèmes, ces mesures visent à renforcer l’adaptation des milieux naturels. Des plans d’adaptation dédiés aux sites les plus vulnérables de notre patrimoine culturel sont également déployés.

L’adaptation au changement climatique nécessite des études scientifiques solides, une collaboration entre chercheurs, institutions et citoyens, ainsi que des mécanismes durables comme la gouvernance, la formation et l’accès aux données, pour ancrer cette démarche dans tous les domaines, en associant notamment la jeunesse et les territoires.

Le code de l’urbanisme et l’adaptation au changement climatique

Le code de l’urbanisme prévoit que l’action des collectivités publiques en matière d’urbanisme, via le SCoT ou le PLU(i), vise notamment à atteindre notamment l’objectif de "lutte contre le changement climatique et l’adaptation à ce changement" (article L. 101-2 du Code de l’Urbanisme). Par ailleurs, les PLU(i) doivent être compatibles avec les PCAET (Plan climat-air-énergie territorial).

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