La sobriété foncière pour concilier les besoins des territoires avec la protection des sols
Ces 20 dernières années, l’urbanisation a augmenté 4 fois plus vite que la population. Face à cette problématique touchant tous les types de territoires, l’État appuie les collectivités pour aménager dans une logique de sobriété foncière.
Découvrez les enjeux de la sobriété foncière, les politiques en place et l’accompagnement de l’État et des acteurs locaux en la matière.
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Une trajectoire nationale face à des enjeux socio-économiques et environnementaux forts
Chaque année en France, 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers sont urbanisés (une moyenne sur les dix dernières années), soit l’équivalent de cinq terrains de football par heure.
La consommation de ces espaces est destinée à 63 % à la production de logements. C’est un phénomène qui concerne tous les types de territoires, et à 60% ceux où la tension immobilière est faible.
24 000 hectares urbanisés chaque année
Sur la décennie 2011-2021 précédant l’adoption de la loi Climat et résilience, 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) ont été urbanisés en moyenne chaque année en France.
Les enjeux sont à la fois socio-économiques et environnementaux : préserver notre autonomie alimentaire, notre biodiversité (la destruction des espaces naturels étant la première cause de son déclin), maîtriser l’augmentation des coûts d’entretien des réseaux et des infrastructures, et préserver notre vivre-ensemble. Aussi, l’étalement urbain est synonyme dans de nombreux territoires d’éloignement des ménages des lieux où se concentrent emplois et services publics, ainsi que d’une hausse de leurs dépenses énergétiques et de déplacements (dépendance accrue à la voiture).
La loi Climat et résilience fixe l'objectif d’absence d’artificialisation nette des sols en 2050, ainsi que la réduction de moitié de la consommation d’ENAF sur 2021-2031 par rapport à la décennie précédente. Cette trajectoire doit s'inscrire dans les schémas de planification régionale depuis novembre 2024, dans les SCoT (schémas de cohérence territoriale) d’ici à février 2027, et dans les PLU(i) (plan local d'urbanisme communal ou intercommunal) et cartes communales d’ici à février 2028.
La sobriété foncière, une politique du temps long
L’ambition fixée par la loi Climat et résilience en 2021 est issue des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat. Elle marque un changement culturel important dans la politique de sobriété foncière menée depuis plus de 20 ans, notamment parce qu’elle fixe une trajectoire nationale, là où les lois successives à la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) de 2000 proposaient surtout des outils, laissant à la main des collectivités le choix de définir leurs propres objectifs.
Les acteurs de la sobriété foncière en appui à l’ingénierie locale
La sobriété foncière implique de repenser les pratiques de planification, d’urbanisme et d’aménagement, en partant des besoins et des enjeux locaux. L’Etat met gratuitement à disposition des collectivités des données et des outils numériques, notamment via le Cerema.
Les outils et l’offre d’ingénierie du CEREMA
Transcription de la vidéo : Les outils du Cerema
Le Cerema est un établissement public rattaché au Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Il apporte à l'Etat et aux territoires un appui dans six domaines d'activité qui sont : l'expertise et l'ingénierie territoriale, le bâtiment, les mobilités, les infrastructures de transport, l'environnement et les risques et enfin, la mer et le littoral. Le Cerema a pour mission de diffuser de la connaissance et d'élaborer des méthodes et outils opérationnels pour accompagner les acteurs publics à toutes les échelles territoriales.
Il est présent sur l'hexagone et les territoires ultra-marins à travers 26 implantations territoriales.
Le Cerema contribue à la mise en œuvre de l'Observatoire national de l'artificialisation des sols. Il établit, à partir des données fiscales, les chiffres annuels de l'évolution de la consommation d'espace naturel, agricole et forestier.
Ce sont les données nationales de référence pour le suivi de la loi Climat et Résilience, au titre notamment de l'article R101-2 du code de l'urbanisme. Le Cerema réalise aussi des analyses thématiques, par exemple, sur la densité des opérations d'aménagement ou de construction de logement.
Nous allons maintenant voir trois outils du Cerema pour observer et mieux connaître le foncier.
Tout d'abord, la plateforme Datafoncier. Elle permet de diffuser de la connaissance sur le foncier et les données foncières produite par le Cerema en exploitant des données fiscales, les fichiers fonciers, les demandes de valeur foncière, le référentiel du foncier public, les logement vacants. On trouve aussi sur Datafoncier, des études et analyses, des usages des données foncières et notamment des informations utiles à l'évaluation du potentiel foncier.
Ensuite, l'outil Urbansimul. Urbansimul permet de croiser différentes sources de données foncières pour les visualiser sur une carte interactive. Cela permet de définir une stratégie foncière, de l'échelle de la parcelle aux territoires métropolitains.
Urbansimul est accessible à tous les acteurs publics, tels que les collectivités ou les services de l'Etat. Les agences d'urbanisme, par exemple, ainsi que les bureaux d'études sous contrat. Urbansimul permet d'identifier les gisements fonciers, de construire des scénarios d'urbanisation ou encore de suivre l'évolution des dynamiques foncières et immobilières, à l'aide de données sur les logement vacants ou les prix de l’immobilier, par exemple.
Le troisième outil, Cartofriches. Cartofriches est l’outil national de recensement des friches. Le Cerema accompagne les collectivités et les services de l'Etat pour construire et développer leurs observatoires locaux des friches et remonter ces données dans l'application. On y trouve une carte et des friches descriptives de chaque friches recensées.
Sur le ZAN, le Cerema fournit une ingénierie d'appui sur les objectifs de sobriété foncière, de densification, de désinperméabilisation, de renaturation ou encore de gestion du foncier économique. Pour ce faire, il propose des accompagnements ciblés aux collectivités, à partir de plusieurs outils et méthodes : Otelo, Urbanvitaliz ou MUSE.
L'outil Otelo, qui signifie outil pour la territorialisation de la production de logement, permet aux collectivités de réaliser une étude prospective du besoin en logement sur leur territoire. Il peut être utilisé pour la planification, par exemple, dans les Scots ou les PLUI ou encore dans les programmes locaux de l'habitat.
Le deuxième outil, Urbanvitaliz s'adresse aux collectivités insuffisamment outils en ingénérie. Il permet de les aider à lever les blocages rencontrés pour leur projet de recyclage de friches, en les orientant gratuitement vers les bons acteurs, les financements, les outils et les méthodes, tout en s'adaptant à leur situation.
Au-delà de la recherche de sobriété foncière, l'objectif ZAN invite à s'interroger sur le sol en lui-même, en tant que sol vivant, étant une ressource non renouvelable, le sol constitue désormais un des enjeux fort de l'aménagement du territoire. C'est pourquoi le projet MUSE, coordonné par le Cerema, a permis de développer une méthodologie pour caractériser la qualité des sols d'intérétoires et la cartographie.
Cela permet de l'intégrer dans les documents d’urbanisme, de mieux anticiper les consommations foncières, de préserver les sols et d'adapter finalement le projet de territoire.
Pour résumer, à travers les outils, méthodes et connaissances qu'il produit, le Cerema apporte au territoire, une ingénierie transversale et pluridisciplinaire, adaptée aux différentes échelles et spécificités locales et à la diversité des politiques publiques.
L'ensemble de son expertise et de ses travaux de recherche sont mis à disposition par sa forte implantation territoriale pour contribuer à l’atteinte de l'objectif de zéro artificialisation nette et la nécessité de penser l’aménagement autrement.
Les collectivités peuvent également s’appuyer sur les principaux acteurs d’appui à l’ingénierie locale pour la sobriété foncière, dont les EPF (établissements publics fonciers), l'ANCT (Agence nationale de cohésion des territoires), la Banque des territoires, etc.
La sobriété foncière nous oblige à repenser constamment le contenu de notre ville, à reconstruire la ville sur elle-même, à aller chercher les friches pour en refaire des bâtiments vivants et occupés
Le portail national de l’artificialisation des sols
Le portail national de l’artificialisation des sols met à disposition des élus et des collectivités des publications, une formation sur la sobriété foncière, et leur propose également des outils pour leur permettre de se fixer des objectifs et de les suivre dans leurs documents de planification et d’urbanisme.
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