Aménager son territoire avec la cohésion sociale comme objectif, la culture comme alliée

L’aménagement influence la diversité des modes d’habiter, favorise ou non la convivialité des espaces partagés et le sentiment d’appartenance. Il détermine aussi l’accès équitable aux services publics. Miroir de ce projet de société, la culture, dans les différentes formes de pratiques qu’elle offre, constitue à la fois un outil et un but.

Découvrez ici comment les acteurs locaux peuvent favoriser la cohésion sociale et mobiliser les pratiques culturelles dans leurs projets d’aménagement.

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crédit Lulu Images et La MecanoWeb - Place centrale de l'EcoQuartier de La Rivière

Les stratégies d’aménagement jouent un rôle crucial pour favoriser la cohésion sociale dans les villes et territoires, notamment à travers les pratiques culturelles des habitants.L’aménagement permet aux habitants de s’approprier leur environnement, en lien avec les réalités physiques et vécues de leur territoire. 

Des aménagements pour favoriser le vivre-ensemble, la solidarité et l’inclusion

La cohésion sociale traduit la capacité d’une société à vivre ensemble, via des mécanismes de coopération, de partage, d’intégration et de participation à la vie sociale. L’aménagement du territoire, dans la mesure où il peut favoriser les contacts et les opportunités de rencontres entre les individus d’une société, a donc une influence importante sur la cohésion sociale au sein des espaces urbains et ruraux.  

Quels sont les grands principes de l'aménagement inclusif ?

Des villes et des territoires inclusifs permettent de mieux partager les ressources d’un territoire entre ses différents usagers, notamment ses services, logements, emplois, espaces publics, espaces naturels, îlots de fraicheur…

Cela peut passer par une politique d’accessibilité des bâtiments et espaces publics et privés, par une offre diversifiée et bien répartie sur le territoire en logements, commerces, services et équipements, le développement de transports en commun, l’encouragement des modes de déplacements actifs et alternatifs à l’usage individuel de la voiture.

L’aménagement inclusif favorise le bien-être, la sécurité, le respect des droits fondamentaux, le vivre-ensemble, la solidarité et le lien social. 

Par exemple, l’accès à la nature, à des espaces récréatifs ainsi qu’à des modes de déplacement actifs doit être encouragé. L’offre d’équipements sportifs et de loisirs peut être développée pour tous, l’éclairage public adapté et les espaces publics conçus dans une approche non genrée et conviviale. Il s’agit enfin de promouvoir des aménagements polyvalents et évolutifs afin de favoriser le vivre-ensemble, les liens de solidarité, ainsi que l’adaptation à l’évolution des usages, en recherchant la mixité sociale et intergénérationnelle, en développant des espaces et lieux communs, des installations éphémères et modulables.

Les villes et les villages inclusifs se fondent sur la capacité de s’informer et le pouvoir d’agir de chaque habitant, afin de s’impliquer dans la fabrique du territoire. Lorsqu’une démarche de projet est inclusive, elle permet son appropriation par la population, la facilitation d’initiatives citoyennes et le développement démocratique de la "cité". La coopération et la solidarité entre les territoires permettent l’entraide et le partage des ressources

Comment traduire les enjeux d’inclusion et de solidarité dans les projets d’aménagement ?

Définir une programmation démontrant la prise en compte de la mixité sociale, la mixité intergénérationnelle et proposant des logements abordables, des formes et des montages alternatifs (Bail Réel Solidaire, habitat participatif, coopératif, béguinage etc.)

La programmation veille également à prendre en compte tous les publics afin de favoriser des modes d’habiter répondant aux besoins des ménages : flexibilité des logements, adaptabilité pour les personnes à mobilité réduite (PMR), etc.

Par exemple, via des aménagements adaptés pour assurer l’accessibilité des personnes vulnérables, en situation de handicap ou dépendantes. 

L’aménagement des espaces publics doit prendre en compte les usages et les temporalités afin de favoriser la conception d’espaces permettant une mixité intergénérationnelle, sociale et pour tous les genres.

Proposer dans le cadre du projet des espaces communs dédiés à la rencontre et favorisant la mixité, les échanges et les mutualisations permet de renforcer le lien social et le vivre-ensemble. Le développement d’actions incitant aux échanges et encourageant les animations urbaines du quartier et de ses alentours (culturelle, sportive, associative) s’appuie sur l’aménagement d’espaces publics qualitatifs et la création d’équipements.

Favoriser les expérimentations sur l’espace public permet également d’accompagner les changements de pratiques vers un urbanisme frugal et inclusif via des aménagements éphémères, transitoires qui permettent de tester les initiatives relatives au lien social : projets temporaires sur des friches, projets concernant l’organisation des mobilités sur la voirie ou la place et l’occupation des espaces de stationnement automobile, offre de programmation évènementielle éphémère pour faire vivre des lieux, proposition de nouveaux usages au sein d’ensembles immobiliers occupés temporairement.

Ces interventions expérimentales développent des processus de transformation de la ville plus souples et plus réactifs que les processus de projets plus classiques et s’appuient sur des démarches participatives à fortes implication citoyenne.

L’exemple des opérations d'aménagement des EPA

Les établissements publics d’aménagement (EPA) constituent l’un des leviers de l’État pour garantir l’intégration des principes de cohésion sociale dans l’aménagement opérationnel en France.

La mixité fonctionnelle dans leurs opérations, issue d’une programmation équilibrée entre logements, commerces et activités économiques participe à la réduction des ségrégations spatiales et des nuisances (environnementales comme sanitaires). Ils garantissent également l’accès pour les habitants à des espaces verts, des espaces publics de qualité ainsi qu’à des logements répondant aux plus fortes exigences environnementales et de confort thermique.

Avec en moyenne 34% de logements sociaux depuis 2020 dans la programmation de leurs opérations, ils assurent la production de tous types de logements sociaux, prioritairement dans des communes carencées au sens de la loi solidarité et rénovation urbaine (SRU). 

Aménager son territoire : un acte culturel

Les bouleversements climatiques et la raréfaction des ressources imposent une refonte profonde de nos façons d’habiter les territoires. Dans ce contexte, la culture apparaît comme un médiateur essentiel : elle permet à la fois de comprendre et traduire les attentes et aspirations des citoyens et de les informer et sensibiliser aux enjeux actuels. Tiers acteur, la culture favorise une collaboration inédite entre habitants, décideurs et territoires, pour que la transition de nos modes de vie intègre les préoccupations de chacun.

La culture, un outil au service de l’aménagement du territoire

Elle offre plusieurs pistes d’action : 

  • rendre accessibles les enjeux contemporains : en facilitant l’appropriation par tous des défis liés à l’aménagement. Par exemple, le festival Close-up, soutenu par l’État, sensibilise le grand public à ces questions ;
  • stimuler l’innovation et les imaginaires : en inspirant de nouveaux modèles pour des territoires sobres, résilients et créateurs de valeur. Le festival Bellastock, également soutenu par l’État, explore ainsi des alternatives durables comme le réemploi de matériaux ou l’architecture nomade, pour répondre aux enjeux de sobriété, d’adaptation aux risques naturels ou de gestion des pics touristiques ;
  • accompagner une transition collective : en renforçant l’adhésion aux nouveaux modes d’habiter et en expérimentant des solutions concrètes. La démarche "La Preuve par 7", soutenue par l’État, prouve par l’action l’efficacité de pratiques innovantes pour revitaliser le patrimoine vacant, considérant l’aménagement comme un acte culturel à part entière. 

L’aménagement, un vecteur d’accès à la culture pour tous

Par ailleurs, l’aménagement constitue un moyen d’améliorer l’accès à la culture de l’ensemble des habitants d’un territoire. Il permet de favoriser la conception d’espaces publics adaptables aux événements culturels (festivals, salons…), par un accès équitable aux services culturels, ou encore par l’intégration d’œuvres, permanentes ou éphémères, dans les lieux partagés (parcs, façades…).

L’État soutient ainsi le POLAU, association qui promeut la Clause Culture, un outil qui associe démarche artistique et projet urbain pour réinventer les liens entre l’acte d’aménager et les habitants d’un territoire.

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