Volonne, EcoQuartier Centre-Bourg
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Carte d'identité du projet
- Description :
- La commune de Volonne a revitalisé son centre-bourg grâce à un ambitieux projet d'ÉcoQuartier, créant un espace de vie durable, connecté et solidaire, tout en renforçant son attractivité et sa résilience.
- Étape de labellisation :
- ÉcoQuartier Vécu
- Année de labellisation :
- 2022
Informations complémentaires :
Caractéristiques du projet :
- Maîtrises d'oeuvre :
- R+4 (Architecte) ; Verre d'eau (Paysagiste) ; ADRET (Bureau d'études techniques) ; MG Concept (Bureau d'études techniques)
- Maîtrises d'ouvrage :
- Commune de Volonne ; SA HLM Habitations de Haute Provence
Contexte du projet
La commune rurale de Volonne est située sur les rives de la Durance, à 45 kilomètres au nord de Manosque, et compte 1700 habitants. Elle bénéficie d’un positionnement attractif pour les actifs du Val de Durance et de l’agglomération Aix-Marseille, ainsi que pour les retraités en recherche d’un cadre de vie agréable. Par le passé, Volonne a connu une forte diminution de sa population, et son centre bourg a perdu de sa vitalité entraînant des fermetures de classes, de commerces et des difficultés financières.
C’est dans ce contexte de perte d’attractivité du centre bourg qu’en 2013 a été lancé un projet d’ÉcoQuartier, livré en 2019.
Présentation du projet
L’objectif du projet était de redynamiser le cœur du village en recréant du lien social, de l’emploi et des services, tout en redonnant une santé financière à la commune. Le projet visait également à inscrire le village dans la transition énergétique et numérique, et à en faire un exemple en matière d’économie circulaire et de partage.
De fait, le projet comprend de nouveaux équipements et services tels qu’une maison de santé, une extension de la crèche, une nouvelle cantine et un réseau de chaleur. De nouveaux logements sociaux et pour seniors ont également été réalisés, garantissant ainsi la mixité sociale et la solidarité territoriale. Enfin, l’espace public du village a été requalifié, avec une amélioration de l’offre de stationnement, l’aménagement de places, de jardins partagés et pédagogiques, d’un terrain de pétanque et de cheminements doux.
Points forts du projet :
- Des bâtiments et des espaces publics propices aux échanges et aux rencontres qui s’intègrent très bien à leur contexte urbain et paysager, la réduction de la place de la voiture au profit des mobilités actives.
- Une association exemplaire de tous les acteurs concernés (institutionnels, associations, usagers, habitants, etc.).
- Une nouvelle maison de santé regroupant 20 professionnels et proposant un service de télémédecine dans un bâtiment performant (BDM Or usages) assurant un bon confort d’été sans climatisation.
- Une vraie prise en main des questions énergétiques par la commune (consommations électriques, bois de chauffage, Intervention sur l’éclairage public, panneaux photovoltaïques etc.) ainsi qu’un suivi de la biodiversité engagé (nichoirs à martinets, gîtes à chauve-souris, etc.).
- Une culture de la participation citoyenne impulsée et maintenue.
- Un rayonnement régional et national du projet dû à son exemplarité.
Transcription de la vidéo : Volonne - De l'EcoQuartier au village participatif ?
Volonne, village participatif ?
Emeline Hatt, maître de conférences, Aix Marseille Université : " Nous sommes ici à Volonne, c'est un village de 1700 habitants dans les Alpes de Haute Provence à 10 minutes de Sisteron, une heure d'Aix en Provence.
"C'est une commune qui a une attractivité touristique et qui a connu un essoufflement au début des années 2000 du point de vue de la fermeture de certains commerces, d'une perte démographique notamment de jeunes enfants qui ont conduit à des fermetures de classe, et qui a conduit donc à un essoufflement de ce village. "
"Donc plutôt qu'être dans cette logique de déprise et de dévitalisation on a eu des élus locaux qui étaient très volontaires pour reprendre en main l'histoire de leur collectivité et qui ont proposé du coup de revitaliser la petite ville par un projet d'écoquartier en centre bourg."
"Un projet d'écoquartier c'est une opération urbaine qui vise à répondre aux enjeux du développement durable et ça a conduit aussi parallèlement au développement d'initiatives citoyennes qui se sont multipliées et qui ont aujourd'hui impulsé une vraie dynamique dans ce village."
"C'est cette multiplication d'initiatives citoyennes qui nous a intéressé et pour lequel on a été interpellé aussi par la municipalité qui s'interrogeait sur les attentes des habitants à travers ces initiatives et sur la manière dont, eux, pouvaient les accompagner."
"On a demandé donc à l'équipe POPSU est-ce que est que vous pouvez nous aider finalement à mettre des mots et et comprendre le processus pour pouvoir après l'utiliser et encore plus le développer de comment naît la participation citoyenne avec quels outils ça se fait.
"Et pour l'équipe de recherche il s'agissait de creuser la question de l'interaction entre écoquartier et initiative citoyenne et d'approfondir la compréhension des modalités de co-construction de l'action publique. "
"Bonjour c'est aujourd'hui qu'on fait la visite de l'écoquartier, bon bah c'est parti alors."
"Concrètement l'écoquartier c'est un aménagement qui comprend la création de la Maison de santé mais c'est aussi donc tout le réaménagement du cœur de village, la création de 22 logements sociaux, les jardins partagés, le verger collectif qui est un espace de pique-nique et puis aussi une grosse végétalisation."
"Ça marche comment le compost ?"
"En fait n'importe quel habitant peut venir mettre ses biodéchets là dans les bacs qu'on a vu et les jardiniers qui s'engagent à faire vivre le compost et derrière le fruit du compost bah ils l'utilisent pour leur jardin donc on est dans une petite économie circulaire qui nous plaît beaucoup."
"Ce projet de requalification du centre-bourg on peut imaginer qu'il a fait tâche d'huile sur le développement des initiatives citoyennes."
"On a vu émerger une quinzaine de projets d'une assez grande diversité et qui se sont inscrits à la fois dans la continuité de l'écoquartier, au sein même de son périmètre, je pense par exemple à la gratuiterie, progressivement élargi aussi au centre bourg de manière plus vaste. On a un certain nombre d'initiatives de boîte à livres ou de végétalisation de l'espace public par exemple."
"La collectivité a souhaité soutenir finalement les initiatives citoyennes parce qu'elles s'inscrivaient dans un rapport de complémentarité pour finalement engager cette transition socio-écologique que la collectivité souhaitait conduire. Mais elle a dû s'adapter aux nouvelles formes de structuration de regroupement des habitants."
"On a réussi à identifier des critères pour les différencier : d'une part il y avait un critère temporel on avait à la fois des projets ponctuels des gens qui s'organisaient pour mener un projet sur un temps court ; et deuxième cas de figure des projets avec une vocation plus pérenne notamment par exemple le projet de jardin partagé."
"Tu as encore des tomates ?"
"Très peu ça y est on arrive à la fin."
"L'association à la base ne s'occupait que du patrimoine bâti et depuis une dizaine d'années nous avons avons axé aussi la mise en valeur du patrimoine on va dire plutôt naturel quand il y a eu la construction du projet de l'écoquartier la mairie nous a sollicité pour ce projet de jardin partagé."
"Moi j'ai une petite parcelle alors effectivement là c'est moins beau hein puisqu'on arrive en fin d'été mais bon j'avais planté 8 pieds de tomates j'ai eu pas mal de courgettes donc c'est top."
"Le format de l'association c'est un vrai intérêt pour les habitants qui se structurent dans ce cadre notamment parce que ça permet effectivement d'obtenir des subventions de la part de partenaires de la mairie mais aussi d'autres acteurs pour financer leurs actions."
"Quand un porteur de projet vient avec son idée souvent c'est qu'il a pas conscience des implications que ça peut avoir en termes de légalité, de sécurité en termes de financement donc nous on est prêt à l'accompagner mais on sait nous la difficulté que ça peut représenter derrière, alors le job souvent c'est de pointer les enjeux et puis après d'aller emmener toute une équipe et à un moment on fait en sorte aussi que ça réponde à des politiques territoriales et derrière on a des financements.
"Nous sommes sur des territoires pauvres et la commune a besoin de cet engagement citoyen et associatif pour porter des projets ça me permet de me sentir impliquée à des projets comme ça qui sont mis en place et qui dure dans le temps c'est ça, faut que ça dure pas que ça dure une année 2 ans faut que ça reste"
" Les citoyens sont de moins en moins attirés en fait par un engagement de long terme et la municipalité doit apprendre à composer avec ces collectifs moins structurés sur lesquels il y a pas de président ou de leader clairement identifié ou les décisions sont plus horizontales et où ben la la visibilité sur le temps long est aussi un peu plus faible."
"La gratuiterie c'est un collectif elle n'est pas structurée sous forme d'association mais c'est un collectif de citoyens qui s'est regroupé."
"Bonjour bonjour ah c'est pour nous ça merci merci beaucoup très joli"
"Le but de la gratuiterie c'est d'éviter le gaspillage, ici on apporte tout ce qu'on veut par exemple des verres par exemple des tasses, des théières des euh tous les objets grille pain c'est aussi un endroit où les personnes viennent choisir un objet c'est pas un échange c'est une grand-mère qui veut faire un cadeau à Noël il y a des jouets qui rentrent qui ont jamais été déballés, c'est des petites jeunes filles qui viennent pour la maman choisir des petits bijoux c'est ça la gratuit"
"ça va ça va et toi tiens je t'ai mis de côté c'est ton besoin là pour ton petit studio bah tu peux pour le même prix tu peux emporter le panier"
"Je suis venu à la gratuiterie pour chercher des ustensiles pour pouvoir m'installer dans ma chambre d'étudiant bientôt et et vu que bah c'est très pratique et c'est unique dans le département, c'est un moyen de s'installer et trouver des choses sans forcément taper dans l les réserves"
"Voilà l'idée c'était d'avoir un lieu de don d'intérêt qui a été structuré en collectif c'était vraiment une volonté d'horizontalité, c'est des gens qui se situent tous au même niveau qui avaient envie de porter ce projet commun qui était pour eux un lieu d'échange un lieu de lien social au sein de la commune"
"La gratuiterie me donne un but quand je me lève le matin je sais que j'ai quelque chose je vais avoir quelque chose à faire il va y avoir des gens gentils agréables, on va échanger, on va rire des fois on va chanter aussi cet échange quand même avec les autres c'est quelque chose"
"Pour la municipalité, travailler avec des collectifs ça a l'air plus compliqué dans la mesure où il y a pas de référents clairement identifié les démarches administratives sont inexistantes et elles doivent être initiées du coup par la municipalité qui va devoir mettre en place un cahier des charges pour mener à bien leur projet, mais elle a mis à disposition le local, elle a mis à disposition quelques matériaux et ensuite ce sont ce sont les habitants, ce collectif, qui s'est saisi de cette opportunité et qui ensuite le gère aujourd'hui pour accueillir du public"
"La gratuiterie est ouverte depuis 3 ans maintenant et nous avons accueilli pratiquement 10 000 personnes, c'est pas mal quand même 10 000 personnes je suis très fière, très contente."
"Alors qu'on s'attendait à ce que les problèmes de financement soient un des freins principaux dans la pérennisation de l'engagement citoyen on s'est aperçu que finalement le principal problème n'était pas là, c'est principalement la question de la temporalité parce que, quand on s'engage on a envie que le projet aboutisse assez rapidement on a envie de le voir se mettre en œuvre"
"La recherche POPSU a révélé les besoins de coordination que ça a généré entre politique et technique parce que les équipes techniques municipales par exemple les espaces verts, ne comprennent pas forcément pourquoi ils doivent être en soutien à des initiatives citoyennes."
"Ça a montré aussi le besoin de coordination entre les porteurs de projets eux-mêmes qui voilà doivent aussi s'articuler entre eux pour permettre à la collectivité d'accompagner chacun à sa juste mesure dans un cadre qui puisse être opératoire en fait"
"On t'a amené un exemplaire ouais du coup alors tout le travail qu'on a fait finalement ça a été synthétisé dans ce document oui et puis on a rajouté du coup la partie accompagnement à l'élaboration d'un projet"
"Et on a bien du coup construit le livret sur les trois modalités de portage qu'on avait identifié à savoir : vous êtes citoyen vous avez une idée que vous voulez monter tout seul comment on fait, vous êtes organisé en collectif comment vous faites, et vous souhaitez vous organiser en association ou vous êtes une association : quelle marche à suivre pour monter votre projet"
"Pour moi POPSU ça a été un programme de rencontre et de mise en lumière pour créer du lien et puis pour poursuivre cette dynamique participative"
[Musique]
"L'histoire de Volonne elle nous apprend que même quand on est une petite commune, une commune rurale que de 1700 habitants on on peut voir émerger plusieurs initiatives citoyennes de collectif. Peut-être même que c'est une échelle qui facilite en fait l'interconnaissance entre habitants, entre citoyens mais l'interconnaissance aussi avec les élus et cette proximité sans doute, un levier finalement et un facilitateur pour coconstruire une action publique"
"Ca nous apprend également que ça se décrète pas d'être un village participatif"
"A Volonne on a observé l'existence d'un noyau d'habitants qui souhaitaient participer, c'est ça qui a permis cette dynamique là, la question ensuite effectivement c'est comment on peut encourager d'autres habitants à aller vers la participation, sans tomber non plus sous une forme d'injonction à la participation en disant on serait dans un village participatif où tout le monde est obligé de participer."
"On voit bien que il y a un certain nombre de questions qui se posent pour tirer le meilleur de l'énergie des citoyens tout en les encadrant pour éviter qu'il y ait des contestations a posteriori, donc il y a effectivement un accompagnement de l'État et des collectivités pour davantage de dialogues en d'autres termes il y a notamment un équilibre à trouver entre l'ouverture des espaces publics d'un côté et le nécessaire pour l'appropriation de cet espace public qui doit bien sûr pas être privatisé.
"En conclusion de la recherche on a aussi mis en valeur le rôle clé de l'ingénierie en interne pour les collectivité. Dans des communes rurales souvent il y a pas de charge et mission il y a peu d'ingénierie, finalement souhaiter développer les initiatives citoyennes ça prend du temps ça demande des connaissances et ça nécessite d'avoir des moyens humains un accompagnement pour assurer cette dynamique là"
[Musique]